Ultraride : 550 km non-stop de la Méditerranée à l'Atlantique
- Bikaway
- 20 juin 2021
- 8 min de lecture
Relier la Méditerranée à l'Atlantique à vélo non-stop, c'est possible ? Pour ma première expérience de cyclisme ultra distance, je me lance pour environ 550 km le long du canal du Midi et du canal latéral à la Garonne, pour la plus longue distance que j'ai jamais faite avec mon vélo.
Portiragnes-Plage km 0 | 17 juin 9:00
On se retrouve à Portiragnes-Plage, au bord de la Mer Méditerranée. Le défi que je me suis fixé et très simple : rallier la Méditerrannée à l'océan Atlantique à vélo et en une seule fois.
Le parcours que j'ai prévu fait un peu moins de 550 km et emprunte quasiment que des voies vertes. Et si tout va bien, je devrai mettre entre 30 et 36 h... Enfin, c'est ce que j'espère, de toute façon, ce n'est pas une course.
Pour cette aventure, je serai, on va dire en semi-autonomie puisque Sandra ma chère et tendre épouse va m'accompagner en voiture pendant une partie du parcours. C'est elle qui nous a amené en voiture jusqu'ici puisque c'est à environ 350 bornes de la maison et que j'avais pas du tout la motiv de les faire en train. Et puis surtout ça nous à permis de faire une petite soirée à 2 sur place... Avant l'effort le réconfort !

Pour ce défi, j'ai choisi d'utiliser mon vélo de voyage plutôt que mon vélo de route pour plusieurs raisons:
- La première, c'est que sur ce vélo, je peux mettre 2 sacoches pour pouvoir caser quelques trucs, même si j'ai prévu de voyager le plus léger possible, il faut quand mm que j'embarque un minimum de choses.
- La 2e raison principale, c'est le parcours : j'ai prévu de rouler que sur des voies vertes pour éviter la circulation, surtout la nuit, mais du coup les revêtements sont loin d'être parfait. Les 160 premiers km au bord du canal du midi ne sont la plupart du temps pas goudronnés. Et pour la suite même si je retrouve le bitume il est souvent inégal, parfois pas très bien entretenu avec des racines et vu qu'il n'y a pas de circulation dessus il y a beaucoup de petits débris qui ferait crever un vélo de route à coup sûr.
Allez, il est de 9 h 00 du matin, il est temps de décoller pour 550 km !
Je roule à une bonne allure, mais j'essaie de pas trop m'enflammer et d'en garder, car j'en suis qu'au départ et je n'ai pas intérêt à me cramer d'entrée de jeu, il va vraiment falloir bien gérer ces forces. Plus pour le moment la piste est bien goudronnée et bien propre. Ce sera le cas jusqu'au Pont canal de l'Orb à Béziers juste avant d'arriver aux écluses de Fonseranes, où Sandra m'attend pour un petit café, car on n'a pas eu le temps de s'en faire un ce matin avant le départ !
Fonseranes km 16 | 17 juin 09:59
Après cette petite pause d'une vingtaine de minutes, je poursuis ma route toujours le long du Canal du Midi, mais cette fois plus de goudron, c'est une piste sablonneuse et qui est bien sur bien moins roulante que la partie que je viens d'emprunter. Finalement, dans toute cette partie, le vent de dos ne me fera pas gagner beaucoup de temps. Pour moi, la plupart du temps, c'est quasiment impossible de rouler plus vite que 16/17 km/h sur cette piste. D'autant plus que la pluie commence à tomber.
Bon, au final, cette averse ne va pas durer très longtemps. Tant mieux, car déjà comme tout le monde, je n'aime pas trop la pluie, et puis c'est quand même bien plus sympa d'être au sec pour admirer les paysages non ? En plus, cela rajoute pas mal de danger, car cela rend le chemin plus glissant et bien plus périlleux. D'autant plus qu'en approchant de Carcassonne, il devient de plus en plus étroit et parfois même un peu piégeux...

Carcassonne km 111 | 17 juin 16:22
Une quinzaine de km après Carcassonne, la pluie se remet à tomber, je renfile donc ma tenue de pluie pour poursuivre mon chemin au sec. Malheureusement, je me rends très vite compte que je ne vais pas pouvoir continuer comme ça, je décide de m'abriter sous un pont en attendant que ça passe...
Au final, je serais resté bloqué un peu plus d'1 heure 45 sous le pont et encore une bonne demi-heure à Bram 10 km plus loin. J'arrive donc à Castelnaudary vers 21h30 soit avec plus d'1h30 de retard par rapport à l'horaire que j'avais calculé avant de partir, mais bon, je ne m'affole pas, je savais que ce genre de chose pouvait arriver.
CAstelnaudary km 153 | 17 juin 21:26
Je pense que le passage entre Castelnaudary et le Seuil de Naurouze, aura été la partie la plus compliquée de l'aventure. Alors c'est sur ici, il ne pleut plus, mais les orages de l'après-midi ont rendu le chemin très boueux et très glissant. En plus, il y a de très nombreuse branches au milieu du chemin et je dois très souvent m'arrêter pour porter le vélo. Et tout ça à la tombée de la nuit ce qui franchement n'aide pas vraiment. Pour faire les 15 km entre Castelnaudary et Naurouze, je mettrais plus d'1h30 soit une moyenne incroyable de 9,5 km/h.

Seuil de Naurouze km 168 | 17 juin 23:01
Après Naurouze, la piste est belle et que je peux enfin rouler, même si depuis Castenaudary il n'y a plus le vent de dos qui me poussait jusque-là. Par contre j'ai toujours beaucoup de branches en travers du chemin et ça va durer jusqu'à Toulouse. Du coup, je lève le pied, car en plein milieu de la nuit même avec un bon éclairage, tu repères les branches parfois au dernier moment. Je me suis fait 2 3 frayeurs ou c'est passé limite.
Cette partie-là a vraiment été épuisante pour moi...
- primo, il faut être très attentif en pleine nuit pour ne pas se prendre une branche et tomber ce qui demande beaucoup de concentration et d'énergie.
- deuzio, porter le vélo qui n'est pas tout léger non plus toute les 5 minutes est fatiguant aussi.
- et tertio, s'arrêter ou ralentir tous les 500 m me casse complètement le rythme. Je ferais les 46 km entre Naurouze et Toulouse en un peu plus de 3h, soit seulement à 15 de moyenne.
Bref tout ça pour dire que j'arrive à Toulouse déjà bien entamé physiquement alors que je n'ai fait que 40 % du parcours prévu. Toulouse, c'est aussi ici que se termine le canal du Midi et débute le Canal latéral à la Garonne.
Toulouse km 214 | 18 juin 02:22
Après Toulouse, j'accuse environ 3 h de retard sur mon horaire prévisionnel. En soit ce n'est pas très grave comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas une course. Mais disons que la fatigue commence vraiment à s'installer, pas vraiment la fatigue physique plus le sommeil, on va dire. Et psychologiquement avoir autant de retard si tôt n'est pas évident à gérer, disons que ça aide pas à voir le bout du tunnel alors que je ne suis même pas à la moitié du voyage.
Moissac km 282 | 18 juin 07:20
Je me fais une vraie pause d'une heure juste avant Moissac pour manger et me reposer un petit peu. Je n'ai rien mangé de consistant depuis la veille sous le pont quand j'étais bloqué par l'orage. C'est est une grosse erreur de ma part et qui me fait certainement manqué de pas mal d'énergie. Enfin, je ne sais pas trop en fait puisque cette pause ne m'aura pas fait tant de bien que ça ... Je ne me sens pas vraiment beaucoup plus réveillé qu'avant, et l'arrêt prolongé réveille par contre les premières douleurs physiques depuis le départ...
En 24 h de vélo, je n'aurait fait que 296 km ça peut paraître pas mal comme ça, mais en fait ce n'est vraiment pas terrible... À titre de comparaison, j'avais fait l'année dernière une sortie de 295 km en seulement 12 h 45 avec 1 h 30 de pause pour manger à mi-parcours. Certes, j'étais avec mon vélo de route et en plus accompagné de 3 copains, mais quand même... C'est pour ça que j'ai vraiment l'impression de ne pas avancer.
Agen km 328 | 18 juin 11:46
Après Agen, c'est vraiment la cata... Je n'avance plus, j'ai de plus en plus mal au genou droit et surtout, je n'arrête pas de m'endormir sur le vélo, ça fait vraiment bizarre. Quand j'arrive à la halte nautique de Buzet je suis mort et plus très lucide, il faut que je m'arrête. À ce moment-là, je commence vraiment à douter. Je mange un bout et décide de dormir un peu.
Buzet km 355 | 18 juin 13:37
Je serais resté 2 h en pause à Buzet avant de redécoller tant bien que mal. C'est dur, je n'avance plus, mais j'essaie quand même de ne pas trop trainer en route. J'ai vraiment envie d'en finir au plus vite et puis surtout un peu plus loin, j'ai mes potes qui m'attendent depuis déjà un bon moment pour me soutenir... Et me ravitailler, on va dire...
Je poursuis ma route toujours sur la voie verte le long du Canal latéral à la Garonne que je connais par cœur puisqu'ici, on est tout près de chez moi. Je n'ai pas compté le nombre de fois où je suis passé par ici.
Castets-en-Dorthe km 414 | 18 juin 20:31
Vers 20 h 30, je suis à Castets-en-Dorthe, à la fin du canal latéral à la Garonne et donc de la voie verte du même nom. Je m'arrête pour une petite pause repas, et même si je n'ai pas très faim, je me force à manger un peu pour pouvoir finir mon parcours sans trop de problèmes. Puis je reprends ma route en direction de Langon à moins de 10 km d'ici par des petites routes très peu circulées.
La nuit tombe à nouveau et franchement, je n'ai vraiment pas vu passer la journée. J'ai surtout encore une fois l'impression de ne pas avancer, et pour cause entre le lever du soleil ce matin et ce soir, je n'ai fait que 160 km ce qui n'est vraiment, mais alors vraiment pas beaucoup. La fatigue, le sommeil et les pauses à répétition ont eu raison de ma vitesse moyenne.
Bon ce n'est pas très grave, j'arrive sur la piste cyclable qui m'amènera jusqu'à Mios au bord du bassin d'Arcachon, et à cet endroit, je commence à voir le bout.
Villandraut km 442 | 18 juin 23:38
À Villandraut, Sandra m'attend. Je vais manger un petit truc encore une fois et je me prépare à passer une nouvelle nuit sur le vélo. Mais au moment de repartir, c'est la cata mon genou est complètement bloqué. En fait, je ne peux tout simplement pas pédaler, c'est coincé vraiment. Je tente de le réchauffer un peu en le frictionnant, Sandra me fait un massage, mais rien y fait...

Malheureusement, il faut se rendre à l'évidence, il me reste encore 90 km à faire et je ne peux pas faire ça en pédalant sur 1 jambe, malgré toutes les tentatives et technique pour faire passer la douleur et essayer de débloquer ce genou, je sais très bien que ça ne passera pas cette fois. Il va falloir que j'arrête mon aventure ici, si près du but autant dire que j'ai les boules...
À 23 h 38, je décide d'abandonner, 38 h 30 et un peu plus de 440 km après être parti de la Méditerranée, c'est fini...
Au final, j'aurais parcouru 442,9 km. Malgré cet échec, j'ai le sentiment d'avoir fait le maximum. Je ne peux pas vraiment être déçu, car j'ai vraiment l'impression d'avoir tout donné ! Cela rappelle que les défis sont faits pour être tentés, mais ne seront pas forcément tous réussis !
Il faut se servir de cette expérience et analyser les erreurs et les bonnes choses qui ont été accomplies d'autant plus qu'à la fin de l'été un nouveau gros défi m'attend : les 24 h du Mans vélo en solo qui auront lieu les 28 et 29 août si tout va bien.
À très bientôt pour de nouvelles aventures, tchuss.
Vidéo Youtube
Mise à jour 23 août 2021.
Voilà la vidéo tant attendue est enfin là.
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